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Poésies - Stéphane Mallarmé

 
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Tybalt



Inscrit le: 19 Mar 2007
Messages: 1488
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Fév 19, 2014 12:25 am    Sujet du message: Poésies - Stéphane Mallarmé Répondre en citant

Lectrices, lecteurs, gare à vous, ne lisez pas trop ! Voyez ce que ça fait quand on a lu tous les livres :


Brise marine


La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots…
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots !


Donc, Stéphane Mallarmé, poète parnassien et symboliste de la fin du XIXe siècle, connu aussi pour l'obscurité de certains de ses poèmes. Pourtant, il vaut la peine qu'on s'y plonge... l'obscurité de ses vers n'empêchant pas de profiter de leur beauté (on a toujours le temps, ensuite, d'attraper un dictionnaire ou de loucher vers les notes). Cmme tout auteur ayant eu la gentillesse d'être mort depuis longtemps, ses oeuvres sont dans le domaine public et on peut les trouver facilement en ligne (notamment sur Wikisource).

"Brise marine" fait partie des "Poésies" où l'on trouve aussi certains poèmes très connus, souvent des sonnets hermétiques, comme le fameux sonnet en -ix :


Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L’Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore.)


Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.


Les critiques s'évertuent depuis un bon siècle à tenter de comprendre le sens de ce sonnet, mais, comme je le disais, il n'y a pas besoin de l'avoir épluché en entier (ce qui semble d'ailleurs impossible) pour l'apprécier au moins un peu...

En dehors des sonnets, il y a aussi pas mal d'autres choses dans ce recueil "Poésies". "L'Azur" est assez connu aussi :


L'Azur


De l’éternel Azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poëte impuissant qui maudit son génie
À travers un désert stérile de Douleurs.

Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
Avec l’intensité d’un remords atterrant,
Mon âme vide. Où fuir ? Et quelle nuit hagarde
Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ?


Brouillards, montez ! versez vos cendres monotones
Avec de longs haillons de brume dans les cieux
Que noiera le marais livide des automnes,
Et bâtissez un grand plafond silencieux !

Et toi, sors des étangs léthéens et ramasse
En t’en venant la vase et les pâles roseaux,
Cher Ennui, pour boucher d’une main jamais lasse
Les grands trous bleus que font méchamment les oiseaux.

Encor ! que sans répit les tristes cheminées
Fument, et que de suie une errante prison
Éteigne dans l’horreur de ses noires traînées
Le soleil se mourant jaunâtre à l’horizon !

— Le Ciel est mort. — Vers toi, j’accours ! donne, ô matière,
L’oubli de l’Idéal cruel et du Péché
À ce martyr qui vient partager la litière
Où le bétail heureux des hommes est couché,


Car j’y veux, puisque enfin ma cervelle, vidée
Comme le pot de fard gisant au pied d’un mur,
N’a plus l’art d’attifer la sanglotante idée,
Lugubrement bâiller vers un trépas obscur..

En vain ! l’Azur triomphe, et je l’entends qui chante
Dans les cloches. Mon âme, il se fait voix pour plus
Nous faire peur avec sa victoire méchante,
Et du métal vivant sort en bleus angelus !

Il roule par la brume, ancien et traverse
Ta native agonie ainsi qu’un glaive sûr ;
Où fuir dans la révolte inutile et perverse ?
Je suis hanté. L’Azur ! l’Azur ! l’Azur ! l’Azur !

Mais je n'ai pas lu grand-chose d'autre dans ce recueil pour le moment. L'autre grande oeuvre de Mallarmé que j'ai lue, par contre, c'est son poème "Un coup de dés jamais n'abolira le hasard", que je trouve magnifique, mais il mériterait un sujet à part entière.
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Lisbeï



Inscrit le: 04 Avr 2005
Messages: 6305
Localisation: Sud

MessagePosté le: Mer Fév 19, 2014 9:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

Sûr que Mallarmé ne peut se lire qu'à petites doses (voire homéopathiques), mais quelle splendeur !
_________________
Même le soleil se couche.
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snarkhunter



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Messages: 118

MessagePosté le: Mer Juin 23, 2021 11:31 am    Sujet du message: Répondre en citant

Un ami m'avait jadis affirmé que, lire Mallarmé, c'était presque revenir à l'état d'un enfant qui commence à acquérir le langage et pour lequel tout doit être décrypté, interprété, compris, à partir de rien.

Le terme "vespéral" m'évoque toujours irrésistiblement Achille Talon, puisque le nom du quotidien qu'il lit est "La détonation vespérale", expression sibylline qu'il faut en fait traduire par "le pet du soir", procédé que je trouve également très mallarméen !
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