Soleil* Super Nov-A
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Posté le: Sam Déc 15, 2018 7:45 pm Sujet du message: Celui qui dénombrait les hommes - China Miéville |
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Le garçon habite avec ses parents dans une maison venteuse et isolée, au dessus de la ville, à l'endroit de la montagne le plus haut où il soit encore possible de subsister. Son père est serrailleur et fabrique d'étranges clés qui exaucent les souhaits. Sa mère cultive leur potager. Une existence fruste, mais satisfaisante.
Jusqu'au jour où le garçon assiste à un meurtre. Ses souvenirs sont flous, mais il est persuadé que son père a tué sa mère. Il veut s'enfuir, mais il n'y a pas de preuve aussi les autorités de la ville le contraignent à retourner vivre auprès de son géniteur. Son cœur abrite désormais la crainte permanente que son père s'en prenne à lui.
China Miéville nous a habitués à des romans déroutants, étrangers. Celui-ci ne déroge pas à la règle, même s'il est nettement plus court que son format habituel. Mais là où ses romans précédents décrivaient des univers minutieusement travaillés, celui-ci reste opaque, que ce soit dans son contexte ou ses touches de fantastique inexpliquées. Qu'en est-il réellement de ces clés que fabrique le père, empreintes de magie ? Qu'en est-il de la guerre dans le pays lointain dont il est originaire ? Du travail des recenseurs, du passé de celui que va rencontrer le garçon ? Le récit laisse libre place à l'imagination et la fin ne fournit pas toutes les clés de compréhension. J'ai refermé le roman avec l'impression de n'avoir pas tout saisi et un sentiment de frustration... Peut-être aurais-je une meilleure compréhension si je faisais une relecture, mais en fait j'en doute.
Le roman est d'autant plus déconcertant que sa narration est inhabituelle. C'est une histoire racontant les souvenirs d'adulte d'un enfant qui n'a pas compris tout ce qui se passait autour de lui. Il n'y a aucun nom propre, on parle du garçon, du père, de la mère, de la ville au pont, sans jamais nommer personne à l'exception de deux enfants de la ville qui mènent un groupe d'orphelins. Sans compter que le récit est parfois à la première personne, parfois à la deuxième et parfois à la troisième, dans une alternance rapide encore une fois surprenante.
Il faut souligner également la présence dans l'ouvrage d'une poignée d'illustrations en noir et blanc, que je suppose réalisées par l'auteur puisqu'elles ne sont pas créditées. Ces images aux contours flous sont aussi brumeuses que le récit lui-même, parfaitement dans le ton.
En somme, une lecture troublante, que je ne saurais conseiller à tous les lecteurs mais qui pourra séduire les amateurs de littérature de l'imaginaire atypique.
Chronique réalisée pour Les Chroniques de l'Imaginaire. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu. |
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