Posté le: Mar Aoû 06, 2019 1:30 pm Sujet du message: Le Colonel Chabert - Honoré de Balzac
Dans Le Colonel Chabert, Balzac nous raconte le combat d'un homme qui, officiellement déclaré mort sur un champ de bataille (Eylau), tente de retrouver sa place (ou à défaut une place) dans la société.
Ses biens ont été distribués, son épouse a refait sa vie, son identité est loin d'être établie...ce combat risque de s'avérer compliqué entre travers juridiques et sentimentaux.
C'est une belle histoire sur un sujet qui reste d'actualité.
Aujourd'hui encore lorsque le décès d'une personne ne peut être certifié mais que cette personne ne donne plus de nouvelles (de "signes de vie"), il est possible pour les proches ou les créanciers de saisir le juge pour déclencher une procédure de déclaration d'absence (si pas de circonstances particulières) ou de disparition (en cas de circonstances particulières, ici en l'occurrence une bataille militaire, cela peut aussi être un crash d'avion par exemple). Ce n'est pas immédiat, mais au bout d'un certain délai la personne est juridiquement considérée comme décédée et il est mis fin à sa personnalité juridique. Cela signifie qu'elle n'existe plus en droit : son patrimoine est dissout, son conjoint peut se remarier etc
Evidemment si l'intéressé resurgit du néant, il récupère de fait son patrimoine juridique, il peut demander à récupérer ses biens etc mais cela pose évidemment de sérieux problèmes.
(Si son conjoint s'est remarié, il ne peut en revanche pas faire annuler le nouveau mariage).
Pour le cas du Colonel Chabert en plus des difficultés liées à ses biens dispersés et à son épouse remariée, se pose en premier lieu le souci de l'établissement de son identité (pas encore de recours aux empreintes digitales ou aux tests ADN). D'autant que certains ou certaines pourraient bien avoir intérêt à le faire passer pour un fou ou un imposteur...
J'ai écouté le livre en audio puis en ai vu l'adaptation cinématographique (ennuyeuse).
En voici quelques tournures
Honoré de Balzac
(Le Colonel Chabert) 1832 [La Comédie humaine / Scènes de la vie privée]
J’ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré sous des vivants, […]
[…] il y a souvent de l’enfant dans le vrai soldat, et presque toujours du soldat chez l’enfant, surtout en France.
[…], si j’avais été joli garçon, aucun de mes malheurs ne me serait arrivé.
Un fripon aurait eu de la voix.
Les femmes croient les gens quand ils farcissent leurs phrases du mot amour.
Il est des félicités auxquelles on ne croit plus ; elles arrivent, c’est la foudre, elles consument.
[…], on ne doit jamais manquer sa femme quand on veut la tuer.
(Le Colonel Chabert)
Inscrit le: 19 Mar 2007 Messages: 1489 Localisation: Paris
Posté le: Sam Aoû 10, 2019 9:36 am Sujet du message:
Pour ma part, j'avais lu ce récit adolescent et je suis resté marqué par l'une des toutes premières phrases du colonel quand il revient :
"Je suis le colonel Chabert.
- Lequel ?
- Celui qui est mort à Eylau."
On est en plein fantastique, et même si le postulat de l'histoire reste réaliste, toute la suite sort de ce paradoxe dont tu parles : un homme réputé mort, qui devient juridiquement mort... mais qui est toujours vivant et réclame de reprendre sa place dans la société.
Il faudrait que je le relise, tiens. J'ai oublié les détails du reste de l'histoire, mais il me semble que, comme dans Le Père Goriot, on a affaire à une famille dont certains membres sont prêts à sacrifier ici l'époux, là-bas le père, par pure cupidité. Pas joli-joli. _________________ Si ça vous intéresse : mon blog de lectures (dont des messages postés sur le Coin et étoffés pour l'occasion) et un site sur mes publications
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