Posté le: Lun Nov 22, 2004 4:48 pm Sujet du message: Effacement - Percival Everett
4ème de couv’ : Thelonius Monk Ellison, romancier noir américain meurtri dans son ego tant le succès n'a cessé de le fuir avec la plus admirable constance, et qui ne parvient pas à se satisfaire de sa brillante carrière universitaire, se voit un jour reprocher de ne pas écrire dans un style "assez black". Révolté par le succès phénoménal d'un roman consacré à la rude réalité des ghettos et dépourvu à ses yeux de la moindre qualité, il en écrit, sous pseudonyme, une parodie incisive qu'il incite son agent à soumettre à un éditeur, par défi. Le succès est aussi fracassant qu'immédiat. Mais ce jeu schizophrène reste sans effets sur la vie du "vrai" Monk dès lors qu'il s'agit d'affronter l'éprouvante série de tragédies personnelles et de crises familiales en tout genre qui viennent alors crucifier son improbable existence d'artiste... Politiquement des plus incorrects dans son approche de la question de l'identité raciale, ce vertigineux roman, où l'autodérision et l'ironie côtoient sans cesse le lyrisme, est pétri d'une jubilatoire érudition, d'une redoutable connaissance du milieu littéraire - universitaire et médiatique. Et d'une intime fréquentation des passions de l'âme... Mon avis : Je ne me relève pas de cette lecture qui m'a plu de la première à la dernière page. C’est typiquement le genre de roman qui rend tous les autres fades, conventionnels, sans âme, tant sur le fond que sur la forme. Le sujet pourrait être terriblement ennuyeux, voire réservé à des intellos capables de comprendre les citations latines qui émaillent le roman. Il n’en est rien ! Certes, c’est un roman brillant où l’auteur fait montre d’érudition dans une construction en patchwork des plus réussies (vraiment chapeau ! En plus du roman initial, l’auteur a inclus le pastiche écrit par le héros ainsi que des « notes » d’idées de roman, des dialogues factices entre personnages connus, etc). Pourtant, c’est aussi une histoire bourrée d’humour (dérision, cynisme) qui m’a fait jubiler au point que cela me rendait dingue de devoir abandonner ma lecture pour répondre aux nécessités du quotidien. Mais l’auteur a également réussi à donner une tonalité émotionnelle en nous impliquant dans les états d’âme du héros, dont la vie personnelle n’est pas une partie de plaisir. Ce que j’ai le plus aimé dans ce livre, c’est la critique du milieu littéraire et médiatique qui élève parfois au rang d’œuvres inoubliables d’immondes daubes… La seule critique que je pourrais émettre concerne la caricature que me semble faire l’auteur en comparant finalement des œuvres obscures (le héros n’a certes pas de succès avec ses bouquins mais étant donné les sujets traités, cela peut se comprendre...) et des bouquins opportunistes. Entre les deux, il y a, tout de même, un choix d’œuvres de qualité.
Finalement, une expérience de lecture inclassable et inoubliable ! Actes Sud / 366 pages _________________ http://www.thetoietlis.com
Posté le: Mer Nov 24, 2004 7:09 pm Sujet du message:
Contente de vous inspirer ! Je ne pense pas que ce soit le genre de livre qui puisse plaire à tout le monde mais il est vraiment très brillant !Yansored : j'adorerais pouvoir lire cet auteur en anglais car "Effacement" est son seul livre traduit mais s'ils sont tous du même niveau que ce dernier, je n'ai aucune chance de rien y comprendre _________________ http://www.thetoietlis.com
Posté le: Mer Nov 24, 2004 9:06 pm Sujet du message:
shopgirl a écrit:
Contente de vous inspirer ! Je ne pense pas que ce soit le genre de livre qui puisse plaire à tout le monde mais il est vraiment très brillant !Yansored : j'adorerais pouvoir lire cet auteur en anglais car "Effacement" est son seul livre traduit mais s'ils sont tous du même niveau que ce dernier, je n'ai aucune chance de rien y comprendre
Posté le: Sam Déc 04, 2004 5:31 pm Sujet du message:
Premier roman de Percival Everett traduit en français, effacement est une oeuvre puissante, et pleine. Thélonius Monk Ellison n'est pas, et n'a jamais été comme les autres. Il est noir, mais pour lui ça n'est vraiment qu'une couleur de peau, rien d'autre. Il est romancier, mais ses écrits sont exigeants avec leurs lecteurs, d'un tel niveau qu'il ne peut rencontrer l'adhésion de ses pairs. Il est donc professeur pour vivre, mais n'a aucun sens de la pédagogie. Il aime sa famille, mais n'a aucune idée de comment le lui signifier, ou simplement l'intégrer à sa vie.Un jour, par rancoeur il décide d'écrire un pastiche de roman "black" à succès, d'un jet continu, une succession de clichés bourrée de gros mots. Ce livre fait l'unanimité dès avant sa parution, et Monk ne parvient pas à refuser l'argent qui en découle.Cela entraîne chez lui de profonds questionnements, couplés à une vie privée compliquée.Comment vivre sur une imposture, pour une "oeuvre" qu'on exècre, sans pouvoir réellement tout planter là ?...Très bon roman, très facile à lire et bourré d'humour. Une forme d'humour très fine, de l'ironie à froid qui effectivement est hilarante. Entrecoupé de dialogues imaginaires entre grands de ce monde, de bouts de rien ça et là... C'est un régal, vraiment.A découvrir ! (merci Flo !!!!) PERCIVAL EVERETT
Auteur et universitaire américain
Né à Fort Gordon (Georgie) en 1956
Percival Everett a passé toute sa jeunesse en Caroline du Sud. Diplômé de l'Université de Miami et de Brown, en philosophie, il est tour à tour musicien de jazz, professeur, ouvrier dans un ranch. Son premier livre, 'Suder' (1983), lui permet d'obtenir le D.H. Lawrence fellowship de l'Université du Nouveau Mexique. Il publie ensuite 'For Her Dark Skin', 'Zulus', 'The Weather and The Women Treat Me Fair', 'Cutting Lisa', 'Walk Me to the Distance', 'The One That Got Away', 'Watershed'... Enseignant au Bennington College, à l'Université du Wyoming et de Californie, et enfin en Californie du Sud, Everett vit à Los Angeles avec sa femme Francesca. Auteur prolifique et apprécié par la critique américaine, Everett est souvent comparé, quant à sa technique romanesque, à Toni Cade Bambara.
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Posté le: Sam Mar 05, 2005 2:01 pm Sujet du message:
Un romancier noir américain, érudit, se voit contraint, pour des raisons financières, d’écrire un roman populaire, fausse biographie d’un ancien taulard. Le succès est foudroyant. Alors que l’auteur est confronté à toutes sortes de tragédies familiales, il s’interroge sur la part de lui-même qu’il a mise dans ce récit (sous un nom d’emprunt).
J’aime bien ce roman qui décrit le travail d’écriture, les rapports avec l’éditeur, le rôle des média, l’ironie devant l’emballement du public… _________________ Fantasy can become reality (Stratovarius).
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