Posté le: Mer Oct 08, 2003 7:58 pm Sujet du message: Les Fleurs du Mal - Charles Baudelaire
C'était juste pour vous donner (ou redonner ?) envie de lire ce poete qui me fait rêver depuis fort longtemps....
Site interessant sur Baudelaire :
http://www.poetes.com/baud/
Le Flacon :
Il est de forts parfums pour qui toute matière
Est poreuse. On dirait qu'ils pénètrent le verre.
En ouvrant un coffret venu de l'Orient
Dont la serrure grince et rechigne en criant, Ou dans une maison déserte quelque armoire
Pleine de l'âcre odeur des temps, poudreuse et noire,
Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient,
D'où jaillit toute vive une âme qui revient. Mille pensers dormaient, chrysalides funèbres,
Frémissant doucement dans les lourdes ténèbres,
Qui dégagent leur aile et prennent leur essor,
Teintés d'azur, glacés de rose, lamés d'or. Voilà le souvenir enivrant qui voltige
Dans l'air troublé ; les yeux se ferment ; le Vertige
Saisit l'âme vaincue et la pousse à deux mains
Vers un gouffre obscurci de miasmes humains; Il la terrasse au bord d'un gouffre séculaire,
Où, Lazare odorant déchirant son suaire,
Se meut dans son réveil le cadavre spectral
D'un vieil amour ranci, charmant et sépulcral. Ainsi, quand je serai perdu dans la mémoire
Des hommes, dans le coin d'une sinistre armoire
Quand on m'aura jeté, vieux flacon désolé,
Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé, Je serai ton cercueil, aimable pestilence!
Le témoin de ta force et de ta virulence,
Cher poison préparé par les anges! Liqueur
Qui me songe, ô la vie et la mort de mon cœur!
Inscrit le: 10 Mai 2003 Messages: 266 Localisation: Paris
Posté le: Mer Oct 08, 2003 10:53 pm Sujet du message:
Quand on me demande quels sont vos trois recueils de poêmes préférés, je réponds sans hésiter:
1/ Les Fleurs du Mal, Baudelaire
2/ Les Châtiments, Hugo
3/ Alcools, Apollinaire
Ce recueil de Baudelaire est vraiment un incontournable de la poesie!
(a titre indicatif, mon poème préféré est le Vampire ) _________________ Yaz-Serial reader
Inscrit le: 10 Mai 2003 Messages: 266 Localisation: Paris
Posté le: Ven Oct 10, 2003 1:28 am Sujet du message:
Aaaarffff...Merci Yansor!
(je dois te dire que ce poême est mon préféré parcqu'il me rappelle un peu mon exe... )
Mon poême préféré de Hugo est...j'en ai honte mais j'ai oublié le titre.. (re )
c'est un poème très émouvant sur le travail des enfants dans les mines:
"Ou vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit
ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit..."ça commence comme ça (tu connais peut etre?)j'aime aussi enormément ceux qu'il a écrit à la mémoire de sa fille Leopoldine..Quant à Apollinaire, le "Pont Mirabeau" est longtemps resté mon favori, mais je lui préfére à présent "Colchiques" et "La Lorelei", celà dit, je suis toujours hilare à la lecture de "la réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople"..Voili, voilou...Et toi alors? c'est quoi tes favoris..? _________________ Yaz-Serial reader
Posté le: Ven Oct 10, 2003 10:11 am Sujet du message:
ouah, dois être qqchose, ton exe !! je vais ouvrir un post apollinaire : non, meilleure idée : tu le fais toi !!
comme ça je viendrai te dire mon préféré !
Inscrit le: 10 Mai 2003 Messages: 266 Localisation: Paris
Posté le: Ven Oct 10, 2003 11:38 pm Sujet du message:
Yansor
Citation:
ouah, dois être qqchose, ton exe !!
hihi...j'aurais pas dit mieux (arf, bien choisis les smileys)c'est dur une telle dépendance vis à vis de quelqu'un...surtout quand elle n'est plus réciproque.. :-(
Citation:
je vais ouvrir un post apollinaire : non, meilleure idée : tu le fais toi !!
comme ça je viendrai te dire mon préféré !
C'est parti..... _________________ Yaz-Serial reader
Inscrit le: 08 Mai 2003 Messages: 2621 Localisation: Entre réel et Imaginaire
Posté le: Mar Mai 18, 2004 12:26 pm Sujet du message: l'Horloge
Pour vous un petit poëme de Beaudelaire que j'adore.
Certains le reconnaîtrons car il a été adapté en "chanson" par Mylène Farmer.
Très belle Adaptation par ailleurs
L'horloge
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible, Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard _________________
Dernière édition par CeNedra le Lun Juil 12, 2004 12:37 pm; édité 1 fois
Inscrit le: 19 Oct 2004 Messages: 63 Localisation: Petit village de l'Ouest
Posté le: Mar Fév 22, 2005 8:40 am Sujet du message: Hugo
"Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Echevelé, livide au mlilieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah..."Hugo bien sûr, "La conscience", dans "La légende des siècles". Ca a été le premier poème de ma vie, lu en classe par une institutrice, et je ne m'en suis jamais vraiment remise.Autrement, Rimbaud, Baudelaire, Verlaine, Ronsard. J'ai des goûts ultra-classiques en poésie, faute peut-être de connaître les contemporains. Et puis c'est si affreux, un mauvais poème, bien pire qu'un mauvais texte : ça rend prudent.
Inscrit le: 07 Jan 2006 Messages: 223 Localisation: sur mon fil, la tête dans les nuages
Posté le: Lun Jan 09, 2006 3:14 pm Sujet du message:
Baudelaire... que dire... Ce type est un génie! Il manie la rime et le spleen d'une manière sublime!
Je serai incapable de dire quel est le poème que je préfère, il y en a qui ressortent particulièrement, mais mais vous noterez l'emploi du pluriel!
J'aime beaucoup "L'Albatros", et aussi "au lecteur", "Charogne", et je m'arrête là, sinon je vais citer tout le recueil. _________________ "It is the spectator, and not life, that art really mirrors"
Oscar Wilde
Posté le: Lun Jan 09, 2006 5:36 pm Sujet du message:
Aaaah "Les Fleurs du Mal"! un recueuil de poèmes que j'apprécie beaucoup! Surtout les poèmes "L'Horloge" et "Le Flambeau Vivant" (parmi tant d'autres). C'ets un des seuls "poètes classiques" qui m'a vraiment "accrochée".
Posté le: Lun Jan 30, 2006 7:52 pm Sujet du message:
C'est associer une perception d'un sens à une perception d'un autre sens (une couleur associée à une note de musique, par exemple)."Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme des hautbois, verts comme des prairies"
Inscrit le: 07 Jan 2006 Messages: 223 Localisation: sur mon fil, la tête dans les nuages
Posté le: Mar Jan 31, 2006 7:05 pm Sujet du message:
Okay, bon et bien vu comme ça, il n'y a pas de doute, Baudelaire était synèsthète, et je me coucherai moins con ce soir _________________ "It is the spectator, and not life, that art really mirrors"
Oscar Wilde
Posté le: Mer Avr 26, 2006 7:18 pm Sujet du message:
C'est le livre que j'ai étudié en terminal L enfin le livre de référence
Je ne l'ai jamais lu en entier mais il faudrait car les passages étudiés à l'école m'ont vraiment passionné _________________ http://marclevy.vraiforum.com/index.php
Posté le: Lun Mai 01, 2006 12:37 am Sujet du message:
Grâce à monsieur Baudelaire j'ai eu un joli 14 à mon oral de français à l'époque...j'adore... _________________ On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve.
Posté le: Dim Sep 03, 2006 4:44 pm Sujet du message:
Baudelaire:
L'horloge
La chevelure
Le flacon
Spleen (Quand le ciel...)
Tous! _________________ Je crayonne sur les couvertures des mondes et des souffrances...
Inscrit le: 29 Nov 2006 Messages: 215 Localisation: Tigane
Posté le: Mar Avr 24, 2007 5:01 pm Sujet du message:
Un recueil que j'ai du lire cette année, en lecture cursive pour le bac.
Et bien, quelle claque ma parole! je n'avais jamais vraiment lu de poésie, à part les quelques poèmes étudiés en cours...et j'ai adoré. Beaucoup n'ont pas accroché, il faut dire que Baudelaire est assez particulier quand même. Cependant quel talent! Quel beauté! A lire et à relire, chacun peut y trouver quelque chose à chaque moment de sa vie.
Un de ceux que j'ai particulièrement aimé, pour son ambiance/atmosphère, ses jeux de sonorités:
"Harmonie du soir"
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige!
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Dim Mai 13, 2007 9:45 pm Sujet du message:
Regarde à la fin de ce que tu as cité
(Bon, ok, y'a pas le titre, mais ça doit être retrouvable). _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 840 Localisation: France
Posté le: Lun Mai 14, 2007 2:16 am Sujet du message:
Les meilleurs poèmes de Baudelaire sont sans doute ceux dont le thème est le spleen, mais il en a écrit d'autres qui sont plus réjouissants, comme le suivant :
La Géante
Du temps que la Nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,
Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.
J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement dans ses terribles jeux;
Deviner si son cœur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux;
Parcourir à loisir ses magnifiques formes;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,
Lasse, la font s'étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.
Inscrit le: 07 Juin 2007 Messages: 83 Localisation: entre terre et mer
Posté le: Mar Juil 24, 2007 9:33 pm Sujet du message:
Deux parmi mes préférés :
La Mort des Amants
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Le Flambeau vivant
Ils marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumières,
Qu'un Ange très-savant a sans doute aimantés ;
Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,
Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés.
Me sauvant de tout piège et de tout péché grave,
Ils conduisent mes pas dans la route du Beau ;
Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave ;
Tout mon être obéit à ce vivant flambeau.
Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique
Qu'ont les cierges brûlant en plein jour ; le soleil
Rougit, mais n'éteint pas leur flamme fantastique ;
Ils célèbrent la Mort, vous chantez le Réveil ;
Vous marchez en chantant le réveil de mon âme,
Astres dont nul soleil ne peut flétrir la flamme ! _________________ Veni vidi vici
Posté le: Dim Aoû 19, 2007 8:33 pm Sujet du message:
Recueil de poemes plutôt spéciaux, ce livre m'a laissé un goût et un sentiment assez mitigé en fait.
Je crois qu'en définitif, la poésie, c'est vraiment pas mon truc. Ca m'ennuie, je ne trouve pas ça terrible. Quand ça rime c'est "lourd", quand ça rime pas, ça ressemble à rien.
Hoooooolaaaaaaaaaa, j'entends d'ici les hauts cris d'horreur des fans de littérature classique ou de poésie, mais après tout, chacun ses goûts hein ? Et la poésie ne fait pas partie des miens.
Ceci dit, tout n'est pas mauvais dans ce livre lol Il y en a quelqu'uns que j'ai apprécié et que j'aimerais vous livrer :
Viens tu du ciel profond ou sors tu de l'abîme,
Ô beauté ? ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore,
Tu répands des parfums comme un soir orageux,
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Sors tu du gouffre noir ou descends tu des astres ?
Le destin charmé suit tes jupons comme un chien
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques
De tes bijoux l'horreur n'est pas le moins charmant
Et le meurtre, parmi tes plus chères breloques
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton oeil, ton sourire, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un infini que j'aime et n'ai jamais connu ?
De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou sirène
Qu'importe, si tu rends - fée aux yeux de velours,
rhythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Il me semble parfois que mon sang coule à flots
Ainsi qu'une fontaine aux rhythmiques sanglots
Je l'entends bien qui coule avec un long murmure
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure
A travers la cité, comme dans un champ clos
Il s'en va, transformant les pavés en îlots
Déslatérant la soif de chaque créature
Et partout colorant en rouge la nature
J'ai demandé souvent à des vins capiteux
D'endormir pour un jour la terreur qui me mine
Le vin rend l'oeil plus clair et l'oreille plus fine !
J'ai cherché dans l'amour un sommeil oublieux
Mais l'amour n'est pour moi qu'un matelas d'aiguilles
Fait pour donner à boire à ces cruelles filles !
Dans ce cas, essaie plutôt le Spleen de Paris, de Baudelaire: ce sont des poèmes en prose qui ressemblent à des histoires. D'ailleurs, certains sont des contes.
Inscrit le: 19 Mar 2007 Messages: 173 Localisation: Suresnes
Posté le: Mar Aoû 28, 2007 12:10 pm Sujet du message:
EcumeDesEtoiles a écrit:
"Harmonie du soir"
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige!
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!
Baudelaire, Les fleurs du mal XLIII.
Ca me rappelle que c'est ce poème que j'avais eu pour mon Bac de français oral... c'est l'une des raisons pour lesquelles Baudelaire s'associe chez moi irrémédiablement à éEcole" et "examen"... après on prend beaucoup moins de plaisir à sa lecture...
Inscrit le: 10 Juin 2007 Messages: 640 Localisation: Ailleurs
Posté le: Dim Jan 20, 2008 11:41 pm Sujet du message:
Au lecteur.
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent !
Aux objets répugnants nous trouvons des appas ;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.
Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie.
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;
C'est l'Ennui ! - l'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
- Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère !
C'est avec ce poème directement adressé au lecteur que s'ouvre le recueil des Fleurs du mal. Baudelaire lui offre un apperçu du bouquet maudit qui l'attend parmis ces pages, bouquets de fleurs à la fois belles et flétries, aux senteurs douces et aux épines aiguisées.
Les Fleurs du mal fut publié en 1857. Loin de faire l'unanimité chez les biens pensants de l'époque, Baudelaire et son éditeur vont être confrontés à la Justice française qui va faire interdire six oeuvres et obtenir amendes, pour le grief suivant: délit d’outrage à la morale publique.
Aujourd'hui, Les Fleurs du mal est considéré comme un pilier innébranlable de la poésie française.
Et il y a de quoi. Ce recueil aux tons romantiques est une oeuvre d'une beauté rare. Baudelaire est un virtuose qui use de la plume comme personne, transportant son lecteur parmis ses vers et ses rimes au détour de six parties: Spleen et idéal, Tableaux parisiens, Vin, Fleurs du mal, Révolte, La Mort.
Cette plume peut-être appréciée de tous les lecteurs je crois, étant donné que le sens de la grande majorité des poèmes n'est que peu "hermétique" (Ce qu'on reproche souvent à la Poésie) . Une poésie empreinte de mélancolie parfois teintée de sang, parfois de rêve, parfois d'amour, qui à chaque lecture donnera une nouvelle lumière à son lecteur. Je sais que je peux y replonger à n'importe quel moment, j'y puiserai à chaque fois la même "force", la même beauté.
Il est difficile de lire un recueil de poèmes comme un roman. Surtout celle-ci, qui, comme toute oeuvre baignant dans le Romantisme, est puisée dans l'âme du poète. Il n'y a pas besoin de tout lire d'un seul coup pour apprécier, c'est certain.
Ceuillez les fleurs quand vous le désirez, une par une ou par bouquet, et laissez vous ennivrez par leurs mortels parfums. En voici quelques unes.
L'amour et le crâne.
L'Amour est assis sur le crâne
De l'Humanité,
Et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,
Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l'air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l'éther.
Le globe lumineux et frêle
Prend un grand essor,
Crève et crache son âme grêle
Comme un songe d'or.
J'entends le crâne à chaque bulle
Prier et gémir :
- " Ce jeu féroce et ridicule,
Quand doit-il finir ?
Car ce que ta bouche cruelle
Eparpille en l'air,
Monstre assassin, c'est ma cervelle,
Mon sang et ma chair ! "
Le mort joyeux.
Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde,
Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
Ô vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,
A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts ! _________________ Brise et ruine d’abord ce monde, nous verrons si l’autre surgit ensuite
Posté le: Mer Fév 17, 2010 5:03 am Sujet du message:
Je me suis mise très tardivement à la poésie. Le temps d'oublier la torture que c'était d'en étudier en cours.
Ce recueil fait partie de mes préférés et de tous les poèmes qu'il contient, celui qui me vient spontanément en tête est "je t'adore...".
Citation:
Je t'adore à l'égal de la voûte nocturne,
O vase de tristesse, ô grande taciturne,
Et t'aime d'autant plus, belle, que tu me fuis,
Et que tu me parais, ornement de mes nuits,
Plus ironiquement accumuler les lieues
Qui séparent mes bras des immensités bleues.
Je m'avance à l'attaque, et je grimpe aux assauts,
Comme après un cadavre un chœur de vermisseaux,
Et je chéris, ô bête implacable et cruelle !
Jusqu'à cette froideur par où tu m'es plus belle.
Posté le: Dim Mai 23, 2010 2:34 pm Sujet du message:
Actuellement, on survole quelques poèmes de Baudelaire ainsi que sa biographie, vie très spéciale ^^^, en tout cas , "les fleurs du mal" est un recueil très intéressant malgré sa spleenitude _________________ Avec ambition.
Inscrit le: 01 Juin 2007 Messages: 158 Localisation: Noisy le Grand
Posté le: Ven Oct 22, 2010 3:20 pm Sujet du message:
"Les Fleurs du Mal" est un recueil magnifique. Je l'ai découvert adolescente avec le poème "Remords posthume" qui m'avait vraiment marquée, et "L'Horloge" de Mylène Farmer... La noirceur de certains textes, la beauté "visuelle" d'autres, les émotions exorcisées... Baudelaire et Rimbaud sont mes deux poètes d'âme... "Les Fleurs du Mal" et "Une Saison en Enfer" sont mes les recueils que j'ai le plus lus et que je relis souvent... "Alcools" d'Apollinaire aussi... Et dans un autre style "Paroles" de Prévert ^^ _________________ "Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux." Jules Renard.
Inscrit le: 25 Nov 2010 Messages: 5 Localisation: albi
Posté le: Jeu Nov 25, 2010 8:54 pm Sujet du message:
Baudelaire, Rimbaud, Hugo et Apollinaire sont très certainement mes poètes préférés! Dans les Fleurs du Mal, on sent les émotions transparaître.
C'est un recueil magnifique, qui est éternel. Le poème "L'horloge" m'avait marqué
également...
Posté le: Mer Juil 02, 2014 5:24 pm Sujet du message:
Baudelaire a beaucoup écrit sur la mélancolie, la mort, les vices humains... Bref, il a toujours été assez noir.
Mais ce qui fait sa force en tant que poète, c'est qu'il n'excelle pas que dans l'expression des tourments de l'âme. En fait, il manie sa plume avec une souplesse fantastique. Il marque son style sur chaque thème poétique.
Mon préféré sûrement, un qui me fait toujours rêver:
Paysage
Je veux, pour composer chastement mes églogues
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues
Et, voisin des clochers, écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.
Il est doux, à travers les brumes, de voir naître
L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre,
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes;
Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors, je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.
L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne me fera pas lever mon front de mon pupitre;
Car je serais plongé dans cette volupté
D'évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon coeur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.
Chaque fois que je lis celui-ci, j'ai la sensation d'y redécouvrir quelque chose de fantastique.
Mes impressions :
Très bon recueil de nouvelles aux premiers abords
Il va m'être un peu compliqué de vous donner mes impressions directes,
dû à ma maladroite compréhension des allégories et métaphores dont regorge ce livre.
Je vais donc aller avec qu'est-ce que je sais faire de mieux,
partager mes impressions de lecture basique. Premier recueil de poèmes en prose
que je lisais à vie. Je n'est pas été déçu de ce côté-là.
Si vous n'avez pas, de base, des connaissances
dans les domaine suivant : mythologie grecque, mythologie romaine, récits bibliques,
votre lecture ne sera pas pénible, par contre, la compréhension en prendra un coup.
Comme je l'est déjà mentionner plus haut, Baudelaire mise beaucoup sur
les allégories et les métaphores pour véhiculer les poèmes et message ici présent.
Voici comment est structuré le recueil, comme Baudelaire le voulait lui-même :
- SPLEEN ET IDÉAL (85 poèmes)
- TABLEAUX PARISIENS (11 poèmes)
- LE VIN (5 poèmes)
- FLEURS du Mal (12 poèmes)
- RÉVOLTE (3 poèmes)
- LA MORT (6 poèmes)
122 poèmes lors de sa parution en 1857
Maintenant, comment les éditions MAXI-LIVRE l'ont structuré :
- SPLEEN ET IDÉAL (67 poèmes)
- FLEURS DU MAL (12 poèmes)
- RÉVOLTE (3 poèmes)
- LE VIN (5 poèmes)
- LA MORT (6 poèmes)
- TABLEAUX PARISIENS (10 poèmes)
103 poèmes pour le tirage de MAXI-LIVRE de 2002 que je possède.
Remarquez bien qu'ici, je ne mentionne pas les rééditions ultérieures de 1861, 1866 ou 1868
Finalement, les personnes en charge de cette édition ne devait pas s'y connaître grandement
en poésie et encore moins en histoire... Parce qu'en plus d'être inégale, ce tirage est a un défaut de plus,
il manque des poèmes. Oui, vous avez bien lu, il manque des poèmes
Pour terminer je vous dirais ceci :
fuyez à tout prix les tirages de la maison d'édition MAXI-LIVRE
et faites plutôt confiance à des vrais éditeurs comme J'AI LU, GALLIMARD, LIVRE DE POCHE
Inscrit le: 19 Mar 2007 Messages: 1489 Localisation: Paris
Posté le: Mer Juil 25, 2018 6:14 pm Sujet du message:
MaxLeLiseux a écrit:
Premier recueil de poèmes en prose que je lisais à vie. Je n'est pas été déçu de ce côté-là.
En prose ? Ah non, Les Fleurs du Mal contient des poèmes en vers ! Baudelaire a bel et bien écrit des poèmes en prose, mais à ma connaissance ils se trouvent dans d'autres recueils. Cela dit, plusieurs éditions regroupent Les Fleurs du Mal avec d'autres recueils plus courts, mais les distinguant bien.
MaxLeLiseux a écrit:
Pour terminer je vous dirais ceci :
fuyez à tout prix les tirages de la maison d'édition MAXI-LIVRE
et faites plutôt confiance à des vrais éditeurs comme J'AI LU, GALLIMARD, LIVRE DE POCHE
Le recueil a été réédité et augmenté plusieurs fois du vivant de Baudelaire. Il se peut que Maxi-livre ait choisi comme édition de référence du recueil un état plus ancien, ce qui expliquerait qu'à tes yeux il "manque" des poèmes.
Cela dit, après avoir lu ton avis (et pour avoir lu plusieurs livres chez cet éditeur il y a de longues années), j'ai l'impression que les éditions Maxi-livres ne fournissent aucune introduction, notes ou dossier avec les oeuvres qu'ils éditent, et se contentent de te laisser te débrouiller avec le texte seul. Quand c'est pour un roman récent et/ou un texte facile d'accès, ça ne pose pas problème. Mais pour un grand classique comme Les Fleurs du Mal, ça manque cruellement ! Pas étonnant que tu en sois ressorti frustré, avec l'impression d'être passé à côté de tout un tas de subtilités des poèmes. Je te conseille de le relire à l'occasion dans une édition de poche avec dossier, par exemple chez un des éditeurs que tu cites (ou encore chez GF-Flammarion ou Hachette) : tu y trouveras des explications sur les figures de style et les références culturelles (mythes, religion, etc.) qui t'aideront à approfondir ta compréhension des poèmes et à mieux les apprécier _________________ Si ça vous intéresse : mon blog de lectures (dont des messages postés sur le Coin et étoffés pour l'occasion) et un site sur mes publications
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum
Commandez vos livres sur Internet avec le Coin des Lecteurs => ici