Maïlys
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Posté le: Mar Aoû 19, 2014 6:09 pm Sujet du message: La Ballade des Pendus - François Villon |
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François Villon, né François de Moncorbier le 1er avril 1431 ou le 19 avril 1432, est connu pour sa vie mouvementée et mystérieuse.
Très jeune, il perd ses parents et c'est un chanoine, Guillaume de Villon -son <<plus que père>>- qui l'élève.
En 1452, François Villon est licencié maître ès arts puis, en 1455, se voit contraint de fuir Paris pour l'Anjou après avoir mortellement
blessé un prêtre lors d'une rixe. Un an plus tard, il obtient la grâce du roi pour le meurtre du prêtre, il rentre donc à Paris où il compose le Lais. (alibi pour le vol de 500 écus d'or au Collège de Navarre?)
Après avoir été incarcéré deux fois (1460 et 1461), il écrit le Testament.
Puis, en 1463, le poète est condamné à mort (<< a estre pendu et estranglé >>) pour avoir participé à une rixe.
C'est là qu'il entreprend le Quatrain et la Ballade des Pendus. Heureusement pour lui, un arrêt du Parlement annule le jugement mais bannît Villon
de Paris pour 10 ans. Il compose alors la Requête au Parlement et la Ballade de l'Appel.
Cette année là, il disparaît pour ne plus jamais revenir..
Première version (pas vraiment l'originale):
Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les cuers contre nous endurcis,
Car, se pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tost de vous mercis.
Vous nous voyez cy attachez cinq, six:
Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pieça devorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s'en rie :
Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!
Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir desdaing, quoy que fusmes occis
Par justice. Toutesfois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bons sens rassis;
Excusez nous, puis que sommes transsis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale fouldre.
Nous sommes mors, ame ne nous harie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!
La pluye nous a debuez et lavez,
Et le soleil desséchez et noircis:
Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez
Et arraché la barbe et les sourcis.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ça, puis la, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.
Ne soyez donc de nostre confrarie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!
Prince Jhesus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A luy n'avons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n'a point de mocquerie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre.
Version moderne:
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre ! |
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