clarabelle
Inscrit le: 26 Jan 2004 Messages: 675
|
Posté le: Dim Nov 07, 2004 2:51 pm Sujet du message: L'après-midi de Monsieur Andesmas - Marguerite Duras |
|
|
Subtil et enchanteur !"L'après-midi de Monsieur Andesmas" fait partie de ces petits romans de quelques pages, qui ne paient pas de mine, sont sans prétention, et évidemment sont des perles dans un écrin de velours ! Oui, j'avoue mon gros penchant pour cette histoire banale, lisse, monocorde et monotone : l'attente d'un homme âgé de soixante-dix-huit ans dans un fauteuil de rotin sur une plateforme, devant une maison qu'il vient d'acheter pour sa fille, sur une colline, parmi la forêt, pas loin d'un étang. Cet homme, monsieur Andesmas, attend un entrepreneur, Michel Arc, pour parler du projet de terrasse à la place de cette plateforme au sol sablonneux. Mais Michel Arc se fait attendre et monsieur Andesmas attend. Il aperçoit sur la place du village une foule de danseurs qui s'égaie aux sons d'une musique à la mode, cet été-là. Certainement son enfant, sa fille, Valérie, est parmi eux. Elle l'a déposé dans sa voiture noire, puis elle est repartie. Lui doit attendre Michel Arc qui est aussi en train de danser sur la place du village. C'est sa fille qui lui a dit, est venu le prévenir d'excuser le retard de son père, qu'il viendra plus tard. Mais plus tard, c'est l'épouse de Michel Arc qui vient rejoindre monsieur Andesmas. Un peu figée, un peu décidée à tout dire. Quoi ? Sur la fille de monsieur Andesmas, sur cette fille à la blondeur éblouissante, sur cette Valérie qui s'affiche de plus en plus avec Michel Arc, qui rit avec lui. Et monsieur Andesmas, malgré l'amour infini qu'il porte à sa fille, doit comprendre, entendre des choses, à défaut de les deviner. Trois points de suspension ... C'est ainsi qu'écrit Marguerite Duras, en suspension. Elle laisse planer les choses, les sentiments, les attentes : le désir, l'amour, la douleur, la trahison, la colère et l'impression d'être floué. Qu'importe que ce récit soit dicté sans soubresauts, on se sent emporté par le vent dans les arbres, frappé par les rayons du soleil de cet été-là dans le Sud de la France. C'est terriblement subtil et accrocheur, enchanteur, oui !Gallimard, 128 pages.N.B. Adapté au cinéma par Michelle Porte, avec Michel Bouquet et Miou Miou, présenté en ouverture du Festival de Cannes 2004.Clarabelle, |
|