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Posté le: Dim Sep 16, 2007 1:49 pm Sujet du message: Récits du Vieux Royaume - Jean-Philippe Jaworski
Quatrième de couverture :
Chaque nuit, Leodegar le Resplendissant se réveille en hurlant dans son palais. Quelle est donc l’angoisse qui étreint le conquérant dans son sommeil ? S’agit-il d’un drame intime, ou bien de l’écho multiple des émotions qui animent le peuple du vieux royaume ? Désenchantement de Suzelle, la petite paysanne, devant la cruauté de la vie ? Panique de maître Calame, le copiste, face aux maléfices qui somnolent dans ses archives? Scrupule d’Ædam, le chevalier, à manquer aux lois de l’honneur ? Hantise de Cecht, le housekarl, confronté aux fantômes de la forêt ? Appréhension de Benvenuto, le maître assassin, d’être un jour l’objet d’un contrat ? Ou peurs primales, peurs fondamentales, telles qu’on les chuchote au Confident, qui gît au plus noir des ténèbres…
À travers sept destins se dessine une géographie du vieux royaume, de ses intrigues, de ses cultes, de ses guerres. Et de ses mystères, dont les clefs se nichent, pour beaucoup, dans les méandres du cœur humain.
(édité aux Moutons électriques)
Mon avis : (je copie-colle l'avis que j'avais donné sur iRead)
Janua Vera est un recueil de nouvelles qui se déroule dans le Vieux Royaume, un univers de fantasy. Jusque là, rien de très nouveau. C'est compter sans le talent de l'auteur, Jean-Philippe Jaworski, connu jusqu'à présent comme le créateur de deux jeux de rôle amateurs remarqués (Tiers Âge, adapté de Tolkien, et Te Deum pour un massacre, jeu de rôle historique à l'époque des Guerres de Religion) dont le second a connu récemment une édition "pro". J'ai d'ailleurs découvert le recueil par le biais d'un site de référence en matière de jeux de rôle, le Guide du Rôliste Galactique, qui a publié une interview de l'auteur.
Jaworski nous propose une fantasy qui, pour une fois, assume résolument sa dimension historique, tant au niveau de la documentation (qui doit beaucoup plus à Duby, Muchembled et Le Goff qu'à World of Warcraft) qu'au niveau de la langue, au style soigné et qui ne recule pas devant les emprunts au vocabulaire technique d'époque.
Autre agréable surprise, une fois n'est pas coutume, la dimension merveilleuse et la magie se font très discrètes, ce qui donne la part belle au mystère et au fantastique. Ici, les elfes et les gobelins ne circulent pas dans les rues, mais se devinent au détour d'un chemin forestier ; la magie ne sert pas à redécorer les plafonds ou à surfer sur des balais, elle est rare et dangereuse, et tient presque toujours de la sorcellerie ; quant à savoir si les dieux existent, bien malin qui saurait le dire.
C'est un parti pris, mais ça fonctionne très bien : une fantasy en sourdine, qui fait la part belle aux croyances et aux superstitions, très proche au fond du Moyen-Âge des historiens, et qui ne manque pas de charme.
Et malgré cela, nous sommes bien dans un autre monde : Leodegar le Resplendissant, roi-dieu de Léomance, aux prises avec ses effrois nocturnes ; Benvenuto l'assassin, s'efforçant de survivre, entre coups malchanceux et haute politique ; AEdan le chevalier, que sa courtoisie perdra peut-être ; Suzelle la villageoise, qui attend (quoi, au juste ?) ; maître Calame le copiste, victime du terrible Syndrôme du Palimpseste... et l'on découvre peu à peu (mais sans carte, eh oui) la Léomance, Chrysophée, l'Ouromagne, Ciudalia, le Bromael...
Le quatrième de couverture parle d'un "esprit des contes de fées à la Peter S Beagle" et "l'astuce et le sens du récit d'un Alexandre Dumas" : belles références, dont ce recueil aux nouvelles bien ficelées, d'une qualité soutenue et parfois excellente, ne démérite pas. Bon, le seul p'tit truc que je reprocherais, ce sont quelques p'tites scories de style ici ou là, mais très peu comparé à d'autres auteurs pourtant plus confirmés. De quoi attendre avec impatience ses prochaines publications, donc.
Posté le: Sam Sep 22, 2007 2:01 pm Sujet du message:
Pas grand chose à ajouter après ce chouette commentaire !
J'attendais ce recueil avec intérêt, ayant beaucoup apprécié la nouvelle de Jaworski publiée dans Mythophages. L'esprit du livre est assez éloigné de ce que j'avais déjà pu lire, mais je me suis régalée : un style agréable et de qualité, une grande variété de tons qui fait de chaque nouvelle une heureuse surprise, des récits bien menés à travers lesquels l'auteur pose habilement le cadre de son Vieux Royaume. Et, cerise sur le gâteau, Jaworski s'amuse à de discrets jeux sur les références littéraires (et rôlistes également, m'a-t-on dit, mais là je n'y connais rien ^^)
Bref, un recueil intelligent et plein de charme !
(Pour les prochaines publications, il est question d'un roman reprenant le cadre et les personnages de la deuxième nouvelle : j'espère bien qu'il se fera !)
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Posté le: Dim Sep 23, 2007 10:46 am Sujet du message:
Celui-là m'attend sagement sur mon étagère. J'ai hâte de le lire quand je lis toutes ces bonnes critiques J'espère que son prochain roman sortira rapidement. _________________ Au fil de mes lectures
Posté le: Lun Juil 07, 2008 2:05 am Sujet du message:
Janua Vera a récemment remporté le Prix du Cafard Cosmique 2008. Une récompense entièrement méritée. Espérons qu'il contribue à mieux faire connaître ce chef-d'œuvre méconnu.
Leur choix de primer Janua Vera est d'autant plus intéressant que le site est beaucoup plus orienté SF que Fantasy. (bien que le prix de 2007 soit également de la Fantasy)
Mon avis perso sur le livre : je ne le considère pas comme un chef-d'oeuvre, mais le style est très bon et les textes vont de "assez bon" à "excellent".
Pour un premier receuil, c'est très réussi et c'est prometteur pour la suite. _________________ Mon blog
Posté le: Mer Juil 30, 2008 1:11 pm Sujet du message:
Acheté suite à ce que j'en ai lu sur le Cafard, je suis tout de suite rentré dans le Vieux Monde. De fait, le style est des plus agréables et est certainement pour beaucoup dans l'immersion mais cela en fait certainement une de mes meilleures lectures de l'année.
Pour s'essayer à la Fantasy en douceur sans devoir passer par les héros qui sauvent le monde, les dragons terrifiants et les prophécies alambiquées, je n'ai pas trouvé mieux.
Posté le: Dim Fév 08, 2009 3:33 pm Sujet du message:
Bientôt la suite ! Le 17 mars pour être précis.
Citation:
Au bout de dix heures de combat, quand j’ai vu la flotte du Chah flamber d’un bout à l’autre de l’horizon, je me suis dit : « Benvenuto, mon fagot, t’as encore tiré tes os d’un rude merdier. » Sous le commandement de mon patron, le podestat Leonide Ducatore, les galères de la République de Ciudalia venaient d’écraser les escadres du Sublime Souverain de Ressine. La victoire était arrachée, et je croyais que le gros de la tourmente était passé. Je me gourais sévère. Gagner une guerre, c’est bien joli, mais quand il faut partager le butin entre les vainqueurs, et quand ces triomphateurs sont des nobles pourris d’orgueil et d’ambition, le coup de grâce infligé à l’ennemi n’est qu’un amuse-gueule. C’est la curée qui commence. On en vient à regretter les bonnes vieilles batailles rangées et les tueries codifiées selon l’art militaire. Désormais, pour rafler le pactole, c’est au sein de la famille qu’on sort les couteaux. Et il se trouve que les couteaux, justement, c’est plutôt mon rayon…
Posté le: Lun Mar 30, 2009 2:09 pm Sujet du message:
Comme Janua Vera est le titre du premier livre, je change le topic pour le titre de la série Récits du Vieux Royaume.
J'ai commencé à relire Janua Vera, l'édition augmentée, puis je m'attaquerai à Gagner la Guerre. Sur le net, les premiers échos sont excellents, je ne pense pas être déçu.
Vous pouvez retrouver Jean-Philippe Jaworski dans une passionnante interview sur le site des moutons électriques (légers spoilers). À ce propos, les moutons électriques ont ouvert un forum pour discuter de leurs publications.
Ne ratez pas en mai l'anthologie de Stéphanie Nicot : Rois & Capitaines. Nous aurons le plaisir de retrouver Jean-Philippe Jaworski pour un nouveau récit du Vieux Royaume : Montefellóne. Montefellóne est le titre éponyme de la petite ville que Benvenuto traverse dans Gagner la Guerre ; il évoque alors brièvement les sièges très rudes dont la cité fut le théâtre deux siècles plus tôt, lors de la guerre d’indépendance de Ciudalia. C’est précisément le sujet de la nouvelle : une sorte de tragédie chevaleresque, au cours de la chute de la ville.
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Posté le: Mar Mar 31, 2009 9:46 am Sujet du message:
Je me suis procuré Gagner la guerre, je vais avoir du mal à le caser dans mon programme de lecture ; en tout cas c'est un sacré pavé qui a l'air très prometteur ! et la couverture est superbe. En attendant, je re-recommande Janua Vera à tout le monde (pratique, l'édition poche).
Posté le: Ven Avr 03, 2009 3:52 am Sujet du message:
Pour celles et ceux qui ont Janua Vera en grand format et ne désirent pas acheter l'édition de poche, la nouvelle inédite est en ligne sur le site La Cour d'Obéron.
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Posté le: Ven Juil 17, 2009 11:43 pm Sujet du message:
Là, je viens de terminer Gagner la guerre. Et au risque de passer pour un enthousiaste qui hurle au chef-d'oeuvre à chaque lecture (cf. mon message précédent, sur Le Diapason des mots et des misères), je dois vous dire que c'est un excellent roman. Ou plutôt, pour parler comme Benvenutto, que ce vélin est foutrement bien gratté.
Là il est tard et je suis crevé, donc je vais pas m'amuser à en faire un roman moi aussi (edit : *soupir*), mais en très gros : sur le fond, c'est un jouissif panier de crabes d'intrigues diplomatiques, qui pourra vous rappeler Rome ou Dune selon les références (question de dentition, bien sûr), le tout avec un assassin professionnel au milieu pour être sûr qu'on a bien droit à toutes les coulisses dégueulasses et pas juste au vernis historiographique. L'univers du vieux royaume, qu'on voit ici bien plus en détail que dans Janua Vera, confirme son orientation première : une fantasy de cape et d'épée qui doit plus aux flamboiements du Capitaine Fracasse, aux aventures de Lagardère et aux romans historiques qu'à la mythologie tolkienienne. Rassurez-vous, l'épopée est là, et pas qu'un peu, mais c'est l'Histoire qu'elle tète avant tout. Il y a quelques elfes et quelques nains, mais discrets, et d'autant plus marquants que leurs apparitions sont rares. La magie, elle, est également au rendez-vous, tout comme dans la première aventure de Benvenuto, d'ailleurs, et elle est plus inquiétante que jamais (du point de vue du dosage entre le merveilleux et le "réalisme", on n'est pas loin de L'Assassin royal).
Mais ce qui donne au livre une bonne partie de son intérêt, c'est son style, ou plutôt sa langue : tout est raconté par Benvenuto, et ce récit à la première personne est le beau prétexte à l'invention d'une langue hybride, qui mêle à un fond de prose classique déjà très bien maîtrisée toute une série de mélanges, qui étendent au maximum le panel des registres de langue et du vocabulaire, des termes techniques de marine ou d'architecture à l'argot façon Jean Valjean, en passant par pas mal de nuances intermédiaires. C'est ambitieux, c'est très soutenu, c'est exigeant (façon polie de prévenir que d'autres gens que moi pourraient trouver ça rasoir), y a plein de mots qu'on comprend pas, mais dans l'ensemble c'est remarquablement réussi, le français est impeccable et le mélange prend très bien.
Ajoutez à cela l'univers, certes relativement classique, mais qui doit tout son panache à son caractère admirablement fouillé : on ne s'étonnera pas de savoir que l'auteur a un jeu de rôle historique à son actif. De la bataille navale aux escarmouches à l'épée en passant par la cohérence de la géographie et de l'histoire ou la description des maladies, sans oublier bien sûr la capacité à planter des décors vivants, à articuler les motivations des personnages et à entrecroiser les fils de multiples complots passablement tordus, tout fait reconnaître la patte d'un meneur de jeu aguerri et d'un concepteur d'univers scrupuleux. Le roman se déroule en bonne partie à Ciudalia, capitale de la République éponyme, mais on voyage aussi en cours de route, et on redemanderait bien d'autres histoires dans les coins qu'on n'a pas encore vus à la fin.
Ce travail impressionnant sur l'univers et le travail sur la langue vont naturellement de pair, car il s'agit avant tout de raconter une histoire, et sans aucun doute le talent littéraire est là : on se régale à admirer les paysages urbains de Ciudalia, les intérieurs de palais et les autres scènes plantées par des descriptions riches et chatoyantes, dont l'écriture contient de vraies morceaux de bravoure. Et le lecteur qui craindrait de s'ennuyer n'y arrivera pas, car le récit est toujours maintenu en tension avec maestria par les multiples coups tordus au milieu desquels évolue Benvenuto : qu'on soit en train de regarder par ses yeux l'atelier d'un artiste, le feuillage d'un chêne ou la cérémonie pesante d'un enterrement officiel, qu'on écoute un politicien se lancer dans un discours digne d'un passage d'histoire grecque ou romaine ou bien un elfe en train de raconter un épisode du passé du vieux royaume ou de vous exposer doctement les obscurs principes de la magie, on est toujours tenu en haleine par le détail mentionné une page avant, le truc qui cloche, et on se demande à quel moment ce malheureux Benvenuto va encore se retrouver à devoir sauver son froc, ce qui ne manque pas d'arriver peu après.
Bref, c'est superbement écrit, mais même si ça ne vous tente pas de lire de beaux morceaux de style rien que pour le plaisir de la langue, rassurez-vous, vous ne risquez pas de décrocher. Ça peut expliquer d'ailleurs pourquoi j'ai enfilé si vite les presque 700 pages de ce pavé, à une vitesse exponentielle...
A plusieurs reprises ce roman m'a fait penser aux Chroniques des crépusculaires, qui était l'une de mes premières découvertes en fantasy française. Les deux livres ont des points communs : le récit à la première personne, l'univers tout en clair-obscur (même si le vieux royaume est bien moins peuplé en créatures fantastiques, du moins pas ici), l'importance des villes, de leurs coupeurs de gorges et de leurs éminences grises...
Ce livre m'a fait l'effet d'une nouvelle découverte (re)fondatrice - mais on mesure en même temps le chemin parcouru depuis les Crépusculaires, et sans aucun doute le niveau a grimpé en flèche. Gagner la guerre met la barre très haut, à un point tel que c'en est presque effrayant. Mais c'est avant tout une lecture incroyable, une épopée politico-crapuleuse qui fait aussi beaucoup penser au Parrain (énormément, en fait ; et puis j'ai mentionné le cynisme et l'humour ? il se passe vraiment des trucs immondes, ce sont tous des salopards, mais on se paye quelques belles poilades, vraiment), une superbe réalisation en soi et un beau coup de fouet pour les auteurs en herbe et le reste du paysage français des littératures de l'imaginaire. Gageons qu'on n'a pas fini de voir les auteurs d'aujourd'hui et de demain renouveler encore le genre, chacun à sa manière.
En attendant, si le pavé vous impressionne et que vous hésitez à plonger dedans, n'hésitez plus : ça en vaut largement la peine !
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Sam Aoû 08, 2009 2:09 pm Sujet du message:
Je finis juste "Gagner la guerre". Je suis loin d'être aussi enthousiaste que les lecteurs ayant exprimé leur avis avant moi.
J'ai eu vraiment du mal à rentrer dedans. C'était long, long, long. Et puis, le style réussit l'exploit d'être à la fois soutenu (faut voir le vocabulaire employé ! c'est d'ailleurs plutôt plaisant) et trop familier à mon goût (c'est pathologique, mais l'argot m'a toujours hérissé le poil). J'étais bien tentée d'abandonner.
Vers le milieu du livre (pour ceux qui l'ont lu : la cavalcade sur les toits), j'ai commencé à accrocher. Enfin un peu d'action ! Après, le rythme s'est ralenti à nouveau, mais je n'ai pas décroché. Je reste cependant convaincue qu'un livre un poil plus court m'aurait mieux convenu...
Je regrette aussi toutes ces histoires secondaires esquissées qui forme la trame du Vieux Royaume. Ça forme un superbe décor, mais ça me laisse sur ma faim.
Conclusion : Pas fâchée de l'avoir lu, mais pas pressée de retenter l'expérience. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Posté le: Mar Sep 08, 2009 10:44 am Sujet du message:
Contrairement à Soleil*, j'ai beaucoup aimé Janua Vera, mais surtout adoré Gagner la guerre.
Certes Jaworski est plus percutant dans le format nouvelle, en terme d'action. Mais lorsqu'il peut développer les différents contextes et atmosphères, sa langue va à merveille ! Et cet argot est criant de vérité et est franchement poilant.
Dans Janua, la nouvelle "Une journée de guigne" avec Benvenuto n'était pas ma préférée, mais Gagner la guerre mérite, à mon sens, ses louanges. _________________ ",..)-;'...?..;..)" (Caracole, dans La Horde de contrevent)
"J'ai passé cinq heures dans ce putain de placard. Et quand je ferme le yeux, j'ai encore l'impression d'être surveillé par un cintre." (Ombre de l'ombre, PI Taïbo II)
Posté le: Dim Jan 03, 2010 8:33 pm Sujet du message:
J'ai adoré également aussi bien Janua Vera que Gagner la Guerre dans leur style différent. J'ai rarement lu un livre aussi long que Gagner la Guerre en ne m'ennuyant quasiment jamais comme ça a été le cas. Quant à Janua Vera j'ai adoré le rythme et l'ambiance qui se dégageaient de chaque nouvelle, pour former un tout fort bien agencé. _________________ "Moi, j’ai appris à lire, et ben je souhaite ça à personne !"
Léodagan de Carmélide
Posté le: Dim Jan 03, 2010 9:13 pm Sujet du message:
J'ai beaucoup aimé "Janua Vera". Il n'y a que la première nouvelle qui m'a paru sans grand intérêt, mais j'ai trouvé que les autres dégageaient beaucoup d'intensité.
J'attends la sortie poche de "Gagner la guerre" avec beaucoup d'impatience. _________________ Mille et un mondes
Posté le: Mar Juil 27, 2010 1:33 am Sujet du message:
Contrairement à Laria, dans Janua Vera , j'ai beaucoup aimé la première nouvelle...d'autant plus qu'elle pose des éléments "historiques" qui forment aussi le background des autres nouvelles.
Par contre, j'ai beaucoup moins accroché à "Mauvaise donne"...ce qui ne m'encourage naturellement pas à lire Gagner la guerre.
(Pour être honnête j'ai aussi eu du mal avec "Un amour dévorant" mais c'est uniquement dû à mon aversion quasi-pathologique pour les histoires "d'amour dévorant" ).
Ma nouvelle préférée est peut-être Jour de Guigne, que j'ai trouvée très drôle, ou le Conte de Suzelle, très émouvante. _________________ bȝstt: "Miaw!"
Posté le: Mer Aoû 25, 2010 5:06 pm Sujet du message:
Gagner la guerre est beaucoup plus fort que Mauvais donne.
Laisse-toi tenter.
(Aie confiaaaaaanssssss... aie confiaaaaaaansssss) _________________ ",..)-;'...?..;..)" (Caracole, dans La Horde de contrevent)
"J'ai passé cinq heures dans ce putain de placard. Et quand je ferme le yeux, j'ai encore l'impression d'être surveillé par un cintre." (Ombre de l'ombre, PI Taïbo II)
Inscrit le: 30 Juin 2004 Messages: 5671 Localisation: Physiquement : Cergy, France. Mentalement : MIA
Posté le: Ven Fév 25, 2011 11:47 pm Sujet du message:
Bon, ben acheté "Gagner la guerre", commencé à le dévorer, acheté "Janua vera", fini le premier, commencé et fini le second, adoré les deux
J'ai trouvé intéressant que le style des nouvelles change autant de l'une à l'autre, l'histoire du copiste m'a même évoqué le Tibbar de Rey ^^ Ma préférée reste le conte de Suzelle.
Pour le reste, j'ai trouvée très intéressante la description des divers complots politiques, et je compte recommander tout ça, maso que je suis, au meneur de jeu de mes parties de jeu de rôles ^^
Malheureusement, le fichier n'est plus disponible à l'adresse indiquée
(il y a bien un lien en bas de page de l'interview mais il ne donne rien ) _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Posté le: Mer Mar 30, 2011 9:28 am Sujet du message:
Je viens de finir Gagner la guerre.
C'est du bon, du très bon. On sent les influences, en premier lieu la littérature de feuilleton : moins Alexandre Dumas que Ponson du Terrail (c'est rocambolesque !) ou Eugène Sue (explicite avec "chouriner").
Je l'ai dévoré avec un grand plaisir, principalement dû au fait que c'est de l'aventure trépidante, brute, et très bien écrite. Je pense que du coup je vais me procurer Janua Vera, que bien entendu j'aurais dû lire avant. Mais cette Venise rêvée est formidable.
Ah, cela fait du bien de lire de la bonne fantasy, et, encore plus rare, en français ! _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Dernière édition par Turb le Ven Avr 01, 2011 10:32 pm; édité 1 fois
Inscrit le: 24 Mar 2008 Messages: 3288 Localisation: Dans la lune
Posté le: Mer Mar 30, 2011 10:34 am Sujet du message:
Turb a écrit:
Je viens de finir Gagner la guerre.
C'est du bon, du très bon. On sent les influences, en premier lieu la littérature de feuilleton : moins Alexandre Dumas que Ponson du Terrail (c'est rocambolesque !) ou Eugène Süe (explicite avec "chouriner").
Je l'ai dévoré avec un grand plaisir, principalement dû au fait que c'est de l'aventure trépidante, brute, et très bien écrite. Je pense que du coup je vais me procurer Janua Vera, que bien entendu j'aurais dû lire avant. Mais cette Venise rêvée est formidable.
Ah, cela fait du bien de lire de la bonne fantasy, et, encore plus rare, en français !
Tu sais vendre un livre. J'y jetterai un coup d'oeil. _________________ Garde tes songes ;
les sages n'en ont pas d'aussi beaux que les fous!
Inscrit le: 19 Mar 2007 Messages: 173 Localisation: Suresnes
Posté le: Ven Avr 01, 2011 9:27 pm Sujet du message:
Oui oui oui, Jaworski est un auteur à découvrir ! L'une des plus belles plumes de la Fantasy française actuelle. On le lit et le relit sans se lasser !
Inscrit le: 19 Mar 2007 Messages: 1489 Localisation: Paris
Posté le: Mer Avr 13, 2011 3:05 pm Sujet du message:
Ouaip, en plus maintenant Gagner la guerre est paru en poche (c'est encore un beau pavé mais c'est déjà plus pratique à transporter !).
Turb a écrit:
Ah, cela fait du bien de lire de la bonne fantasy, et, encore plus rare, en français !
Plus si rare que ça, en fait. Il y a toute une génération d'auteurs qui font vraiment des bonnes choses, même pas si pas forcément qu'en fantasy. A une époque il y a eu Grimbert et Gaborit pour lancer le mouvement en fantasy, mais ensuite il y a eu Fabrice Colin, Xavier Mauméjean, Johan Héliot en steampunk, puis Mélanie Fazi et Jérôme Noirez en fantastique (avec des univers complètement différents). Et ces derniers temps, Le Déchronologue de Beauverger a remporté un prix et pas mal de succès, et maintenant c'est Chien du heaume de Justine Niogret. J'ai un peu de mal à suivre le rythme, tout n'est peut-être pas excellent, mais il y a plein de nouveaux et pas mal de choses prometteuses apparemment.
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6322 Localisation: Sud
Posté le: Mer Avr 13, 2011 7:31 pm Sujet du message:
Et n'oublie pas Rey et son Tibbar ;-). Ni Dufour.
Et dans les anciens, Berthelot avait fait un passage notable en fantasy avec son Khanaor, récemment réédité. _________________ Même le soleil se couche.
Posté le: Jeu Avr 14, 2011 9:56 am Sujet du message:
Tybalt a écrit:
Ouaip, en plus maintenant Gagner la guerre est paru en poche (c'est encore un beau pavé mais c'est déjà plus pratique à transporter !).
Turb a écrit:
Ah, cela fait du bien de lire de la bonne fantasy, et, encore plus rare, en français !
Plus si rare que ça, en fait. Il y a toute une génération d'auteurs qui font vraiment des bonnes choses, même pas si pas forcément qu'en fantasy. A une époque il y a eu Grimbert et Gaborit pour lancer le mouvement en fantasy, mais ensuite il y a eu Fabrice Colin, Xavier Mauméjean, Johan Héliot en steampunk, puis Mélanie Fazi et Jérôme Noirez en fantastique (avec des univers complètement différents). Et ces derniers temps, Le Déchronologue de Beauverger a remporté un prix et pas mal de succès, et maintenant c'est Chien du heaume de Justine Niogret. J'ai un peu de mal à suivre le rythme, tout n'est peut-être pas excellent, mais il y a plein de nouveaux et pas mal de choses prometteuses apparemment.
Donc oui, je pense que la fantasy française sort du piège du sous-genre (les gens veulent de la littérature de gare, on leur en donne) et cela fait plusieurs auteurs que je lis (Jarowski donc, et Damasio avec sa horde) qui s'attachent à travailler soigneusement le style. L'un et l'autre suant beaucoup pour cela, si j'ai compris.
Janua Vera n'est plus très loin dans la PàL ! _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Inscrit le: 19 Mar 2007 Messages: 1489 Localisation: Paris
Posté le: Jeu Avr 14, 2011 2:28 pm Sujet du message:
Je n'ai pas lu Grimbert, mais je n'en ai pas entendu que du bien, il est vrai. Gaborit, je l'ai beaucoup aimé sur le moment, mais il faut convenir qu'au niveau du style, ce n'est pas le meilleur, et qu'il est paru mieux depuis dans le genre.
Si tu apprécies les stylistes, comme le dit Lisbei, le récent recueil de Timothée Rey peut te plaire. Et ça peut valoir le coup aussi de réessayer Colin, qui est un excellent styliste quand il s'y met (cf. certaines pages des Confessions d'un automate mangeur d'opium, ou bien ses livres plus récents, que je n'ai pas lu, mais qui ne se cantonnent pas à la fantasy).
En fantastique, je te conseille aussi Jérôme Noirez, dont le Diapason des mots et des misères était une belle baffe (il est également l'auteur de Féerie pour les ténèbres, une très prometteuse trilogie de fantasy-fantastique-horreur parue chez Nestiveqnen, et dont j'espère qu'elle finira par être rééditée un jour).
Posté le: Mer Mai 11, 2011 9:23 pm Sujet du message:
Message perdu. Je devais dire un truc sur Janua Vera, que j'ai aimé, mais moins. _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Dernière édition par Turb le Mer Jan 04, 2012 12:16 am; édité 2 fois
Posté le: Mer Mai 11, 2011 9:28 pm Sujet du message:
En discutant un tout petit peu avec A-F Ruaud à Trolls & Légendes en avril, j'ai appris qu'il devrait y avoir sous peu (cet été) un "Jaworski-like" aux Moutons. J'en salive déjà. _________________ "Moi, j’ai appris à lire, et ben je souhaite ça à personne !"
Léodagan de Carmélide
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6322 Localisation: Sud
Posté le: Jeu Mai 12, 2011 8:06 am Sujet du message:
Et Niogret devrait également sortir prochainement une suite à Chien du Heaume... que je n'ai toujours pas lu, honte à moi ! _________________ Même le soleil se couche.
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Posté le: Lun Nov 21, 2011 1:33 pm Sujet du message:
J'ai lu Janua Vera. Ca me donne envie d'acheter Gagner la guerre , et de le lire au plus vite
Ce que j'ai le plus aimé c'est l'écriture. C'est tellement bien écrit que même quand il ne se passe rien (ou pas grand chose) je suis quand même dedans jusqu'à la pointe des cheveux.
J'étais très surprise de lire de la fantasy avec autant de fantastique. La magie, les pouvoirs etc oui. Mais je ne m'attendais pas à lire de la fantasy avec des histoires de fantômes.
Les nouvelles ne sont pas toutes formidables, la chute du "conte de Suzelle" m'a parue bien fade, mais c'est tellement bien écrit que j'ai accroché quand même. Ma nouvelle préférée est "Jour de guigne". J'aime beaucoup avoir peur et c'est rare que l'auteur me file vraiment les chocottes. Mais là c'est vraiment réussi
Belle découverte _________________ “Un livre n'est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux. Quand vous vous êtes nourri l'esprit et l'âme d'un livre, vous vous êtes enrichis. Mais vous l'êtes trois fois plus quand vous le transmettez ensuite à autrui.”
Posté le: Mar Nov 22, 2011 1:40 pm Sujet du message:
J'ai beaucoup aimé Janua Vera. Mes nouvelles préférées: "Mauvaise Donne", "Le Conte de Suzelle", "Jour de Guigne" et "Un Amour Dévorant" (pas forcément dans cet ordre).
Posté le: Lun Fév 13, 2012 2:03 am Sujet du message:
Bon, quelques mois plus tard: j'ai adoré Gagner la Guerre, qui confirme Jaworski et enfonce le clou de Janua Vera (on retrouve quelques personnages de plusieurs nouvelles dans le roman, d'ailleurs).
Super bien écrit, intrigue prenante (mais qui sait prendre son temps), ça a été l'une de mes grosses claques récentes.
On aimerait bien une suite, mais apparemment, à l'heure actuelle, Jaworski bosse sur un roman qui n'aurait pas cours dans le Vieux Royaume. Il faudra donc patienter... au moins quelques années avant d'y revenir, je pense!
Posté le: Dim Sep 15, 2013 6:13 am Sujet du message:
Gagner la guerre
C'est une transposition exemplaire des trailers du jeu Assassin's Creed : un tueur à gages réputé, Benvenuto Gesufal, accomplit des exploits dans la capitale de la renaissance italienne. Ou ce qui en tient lieu dans le roman.
Point faible
Les 100 pages de remplissage disséminées dans le premier tiers du roman. Le récit de Benvenuto s'enlise dans des considérations techniques soporifiques. Ca plombe le début du roman et le rend parfois pénible. Jaworski ne fait même pas ça pour escroquer le lecteur (il avait déjà 900 pages excellentes). C'est juste une erreur de sa part.
Points forts
- action et rythme
les scènes d'action sont réalistes, fréquentes et variées. Quoique bien entraîné, le héros n'est pas un surhomme. Il prend des mauvais coups, s'en tire de justesse, se retrouve dans de nouvelles situations désespérées. La grande qualité des scènes d'action est qu'on s'attend à ce que Benvenuto soit grièvement blessé. Il n'est pas blanc bleu, ce n'est pas un de ces héros gentils dont on sent bien qu'ils seront protégés par l'auteur jusqu'à un happy end.
- dépaysement
Bien que l'univers soit imaginaire, on n'a aucun mal à traduire Ciudala = Venise et Ressine = empire ottoman. On visualise facilement les palais, les vêtements, les navires, les armes.
- ingéniosité
plusieurs mystères sont résolus. Identification de meurtriers, de commanditaires mais aussi complots politiques dont le lecteur ne soupçonne pas l'existence. La fin apporte toutes les réponses, des faits du début du récit prennent tout leur sens.
- un personnage attachant
Benvenuto n'incarne pas le Mal, contrairement à ce que disent Tybalt et Efelle sur ce topic. Comparé aux autres personnages, c'est même un individu plutôt bien. Dénué de pulsions malsaines (haine, orgueil, cupidité, folie sanguinaire), modéré dans ses jugements, humble dans ses espérances, fidèle à ses engagements, courageux.
Au sommet de l'état, deux factions politiques s'affrontent pour s'emparer du pouvoir. Des dizaines de milliers d'innocents périssent dans les conflits qui en résultent. La cité fait partie du champs de bataille. Benvenuto n'est qu'une des nombreuses épées à vendre dans cette guerre. Il n'est ni pire ni meilleur que les milliers de spadassins et que les personnages puissants qu'il croise, alliés ou ennemis. Malgré les épreuves qu'il traverse, Benvenuto garde son humanité.
Mais Benvenuto échappe aussi au cliché du héros vertueux. Style Azoth (lire sur le forum "L'ange de la nuit") tueur à gages bien propre sur lui qui va secourir la veuve et l'orphelin. Benvenuto a fait et a laissé faire des choses moralement condamnables. Ca en fait un personnage moralement nuancé, faillible, crédible.
- pratiquement pas de magie
pour des raisons commerciales, le roman devait être dans le rayon fantasy. L'auteur n'avait aucune idée dans ce domaine. Il a eu l'intelligence de ne rien tenter. Juste un personnage très secondaire d'elfe, des nains et deux ou trois vagues sortilèges. Ca jure un peu avec le reste du récit mais c'est tellement marginal qu'on le pardonne facilement.
- le texte français est le texte original. Ca se sent. Le style est plus élégant que ne saurait l'être celui d'un traducteur, aussi talentueux soit-il.
Un grand roman d'aventures, justement récompensé par plusieurs prix. Sans doute un des meilleurs romans français du genre.
Dernière édition par theyoubot le Lun Mar 28, 2016 4:10 pm; édité 1 fois
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